2018

Pommeaux de lumière

Exposition Léo des arts

Maison Alice Meny, Patrimoine rural de la mémoire collective, Saint-Léger, Belgique, 2018

Cire d’abeille, papiers de feuilles d’arbres : chêne, hêtre, châtaignier, ginkgo biloba, dentelle de figuier de Barbarie, laine de mouton mérinos brute, mèches de laine colorée violette et bleue, eau, savon, branches d’arbres, système électrique Led. 

L’installation « Pommeaux de lumière » est une invitation à faire entrer la Nature dans nos foyers. La présence d’un arbre, l’architecture d’un nid, la fragilité des ailes d’un papillon ou la composition de la membrane d’un cocon sont autant de visions qui nourrissent mes créations.

L’approche intimiste et sensorielle de mes interventions dans l’espace appelle le spectateur à s’approprier l’oeuvre, à prendre soin de sa propre nature et donc de l’environnement dont il fait partie. L’entrelacs de mèches de laine feutrées, les papiers de feuilles d’arbres et de figuier de Barbarie en dentelle recréent une surface de transparence entre le milieu animal et végétal.

Les sculptures de laine sont garnies d’un papier réalisé en feuilles d’arbres. Cette technique de création de papier remonte au temps des Egyptiens. Elle apparaît avec la confection de parchemins en papyrus extraits des roseaux du Nil. Par la suite, le papier sera créé en Chine grâce à une pâte fabriquée à l’aide d’écorces et de vieux chiffons réduits en bouillie.

J’ai opté pour cette technique afin d’illustrer « le trait de caractère » des arbres choisis, leurs essences au travers de l’Histoire écrite dans la ligne de leurs feuilles buveuses de lumière. Par exemple, le chêne, Quercus Robur, est le symbole de la justice, de la force et de la robustesse. Ses feuilles sont épaisses et marquées, leur tanin reste bien prononcé, elles semblent indestructibles. Puisqu’elles sont entières et apparentes, l’arbre est très reconnaissable. Rendues transparentes, elles se laissent traverser par la lumière, nous permettant d’entrevoir leurs trames, telle une radiographie.

Les papiers ne proviennent ni de bouillies transformées ni de dérives techniques, marques de l’industrialisation de nos forêts. Il ne s’agit plus d’un rapport de domination ou de force mais plutôt d’un détour vers la méthode primordiale de la fabrication du parchemin remise au goût du jour afin de donner un aperçu de la beauté de l’être, « de l’arbre » et de suggérer la réécriture de son histoire.