2018

La source

10e Symposium de sculpture et d’installation en milieu naturel

10e Symposium de sculpture et d’installation en milieu naturel 
Bois de Ligne de Silly, Belgique, 2018

Hêtre, eau de source, laine de mouton mérinos, savon.

De nombreux hêtres grandissent dans la forêt de Ligne de Silly. Un arbre en bord de chemin attire mon attention. Légèrement dans la pente, ses racines bien ancrées sont ouvertes et s’apparentent à un calice. Son tronc ressemble à un bras composé de tendons, si bien qu’il tournoie sur lui-même, comme traversé par un souffle chaud ascendant. Ses branches s’élèvent en formant une canopée de feuilles au camaïeu de verts innommables. Je resterai sept jours durant au contact de ce hêtre. Sachant que les arbres mettent une minute par centimètre pour être informés d’une quelconque présence, je lui laisse le temps de me rencontrer à son tour.

La technique du feutrage de la laine utilisée dans mes créations est une pratique très ancienne des nomades d’Asie afin de créer des tissus résistants qui apportent de la chaleur à leur foyer. À mon tour, je mets en forme cette matière feutrée à l’aide de laine de mouton peignée, d’eau réchauffée, de savon naturel et du frottement de mes mains. Cette technique est laborieuse mais elle m’apparaît comme protectrice, sensible et maternelle de par ses multiples propriétés : c’est un isolant thermique, phonique et une matière ignifuge.  

L’eau de source qui coule dans la forêt me permet de feutrer la laine de mouton directement sur l’arbre et de créer un tissu éphémère. 

Le choix de la couleur de la laine est déterminant pour l’installation. Le blanc réfléchit la lumière et sculpte les lignes de l’élément végétal, valorisant ainsi sa présence au sein de la forêt. La laine sculptée se prête à une grande diversité d’actes artistiques. Dans l’utilisation de sa transparence ou de son opacité, elle met en valeur les éléments qu’elle accompagne. Telle une membrane maternelle, elle enrobe et prend soin, tout en soulignant les structures. Ses formes nouvelles confèrent des sensations oubliées, inaperçues dans la Nature.

Dans le Temps, cette peau protège l’être de l’extérieur mais en révèle aussi l’intérieur : « l’essence ».

La fibre de laine me sert de canal, elle est un langage révélateur dans mes interventions.