2019

Installation vivante

Parc Naturel de Gaume, Fête de la laine

Parc Naturel de Gaume, Fête de la laine
Parc de Rossignol, Belgique, 2019

Plumes de coq et de cygne, squelette de corail, branches, monnaie du pape, fibre de figuier de Barbarie, fil de cuivre, laine de mouton roux Ardennais, eau, savon.

Collaborations : Alicia Didriche, coiffure. Claire Halbardier, modèle. 

Dans cette création, la laine est un lien. Par sa couleur crème aux reflets roux et sa texture épaisse, elle permet la rencontre entre l’animal et le végétal, sur modèle vivant.
Le costume est composé de laine de moutons roux Ardennais. Autrefois, cette race peuplait le sud de la Belgique et les Ardennes françaises. Elle faisait partie intégrante de notre patrimoine vivant, de nombreuses peintures et récits anciens en témoignent. Mais sa population a régressé au fur et à mesure de la plantation d’épicéas pour finir par disparaître des Ardennes à la fin des années 50. Aujourd’hui, cette espèce longtemps menacée est protégée et réintroduite dans nos paysages. 

Outre la laine de mouton, le costume en bustier s’entrouvre pour laisser apparaître une dentelle de fibres de figuier de Barbarie issu de Corse.

Branche d’arbre de Lamorteau. La laine épouse totalement sa forme, mettant en valeur sa structure et prolongeant son élan pour finir par créer un double tour de cou en collier. La branche fragile pourrait se briser dans le temps mais elle resterait retenue par son enveloppe de feutre.

Monnaie du pape d’Ardèche, « Lunaire annuelle ». La laine de mouton enserre du fil de cuivre sculpté afin d’imiter la transparence de la plante. Une confusion entre les brins s’installe. Le mimétisme s’opère, créant un accessoire pour cheveux. Celui-ci sera planté au côté d’un nid d’oiseaux dans la coiffure rousse de la modèle. Toutes aussi fragiles les unes que les autres, les matières sont délicates et éphémères.

Corail vietnamien. Nu, associé à des boucles d’oreilles, il se suffit à lui-même. Dans un cercle doré porteur de sens, le squelette de ce corail fréquemment rejeté sur les plages vietnamiennes nous rappelle l’état d’urgence actuel de la Terre et de son équilibre fragile. 

Par le soin apporté aux éléments et la beauté de ces mondes associés, un ensemble harmonieux se fait jour. Cette installation vivante est une invitation à se questionner sur notre rapport à la Nature et notre impact trop souvent délétère sur elle. Décloisonnant les frontières entre les espèces, entre la mythologie et la science, entre la poésie et la philosophie, mes interventions tentent de nous réconcilier avec ces forces naturelles auxquelles nous appartenons et qui font de nous ce que nous sommes.

Une rencontre entre les matières a lieu.